Généralités
Le Mont Saint-Michel (îlot)
Le mont Saint-Michel est un îlot rocheux granitique à l’est de l’embouchure du fleuve du Couesnon, rocher sur lequel a été construit un sanctuaire en l’honneur de l’archange saint Michel à partir de 709. Antérieurement à cette date, il fut connu sous l’appellation de « mont Tombe ». Pendant tout le Moyen Âge, il fut couramment appelé « mont Saint-Michel au péril de la mer » (Mons Sancti Michaeli in periculo mari).
Le Mont Saint-Michel (Commune)
Le rocher ne représente qu’une petite partie de la commune qui s’étend aussi sur la digue et plusieurs dizaines d’hectares de polders. La partie essentielle du rocher est couverte par l’emprise au sol de l’abbaye du Mont-Saint-Michel et de son domaine.
Le Couesnon est le fleuve côtier dont l’embouchure a marqué pendant des siècles la limite officielle entre la Normandie et la Bretagne (bien avant d’être remplacée par une limite topographique fixe).
La frontière Bretagne / Normandie
Une légende affirme que le Couesnon, lors d’une de ses fréquentes divagations, se serait mis à déboucher à l’ouest du Mont, faisant ainsi passer ce dernier en Normandie. Si cette légende est exacte, le Mont aurait été situé à l’ouest du Couesnon en 1009 et la divagation du Couesnon se situerait quelques décennies plus tard. Si elle est fausse, le Couesnon se jetait déjà à l’ouest du mont Saint-Michel en 1009.
Le Couesnon
Il faut noter que l’hypothèse d’une divagation importante du Couesnon est parfaitement cohérente et vraisemblable, tant les lits des cours d’eau pouvaient varier, en l’absence de toute canalisation – et parfois de plusieurs dizaines de kilomètres. Le fait que l’embouchure du Couesnon se trouvait à 6 km du rocher au XVIIIe siècle n’apporte aucune information sur sa position au fil des siècles précédents – la topographie rend même inévitable qu’il ait bougé régulièrement. En revanche, aucun texte n’atteste qu’il ait basculé d’un côté du mont Saint-Michel à l’autre.
L’îlot du Mont Saint-Michel
L’architecture du Mont-Saint-Michel et sa baie en font le site touristique le plus fréquenté de Normandie. Le mont Saint-Michel est le troisième site touristique culturel le plus fréquenté de France après la tour Eiffel et le château de Versailles, avec, en moyenne, près de 2,3 millions de visiteurs par an (3,25 millions en 2006).
Projet de restauration du caractère maritime du Mont.
Le projet Saint-Michel vise à restaurer le caractère maritime du Mont Saint-Michel. Il est appelé jusque dans les années 1990 “désensablement du Mont “. Il a été rebaptisé “restauration du caractère maritime du Mont Saint-Michel” car le désensablement est un projet irréalisable au regard des 3 millions de mètres cubes de sédiments supplémentaires charriés chaque année. En effet, la baie qui se comble de 3 cm/an selon le processus naturel de la marée montante. L’action menée devait libérer le Mont de l’emprise des herbus qui l’enserrent. Grâce aux forces conjuguées de la mer et du Couesnon, les sédiments sont chassés au large du Mont-Saint-Michel dont les abords restent hors d’atteinte des herbus. À la suite d’une enquête d’utilité publique en 2002, les travaux ont commencé en 2005 et se sont terminés en 2015.
Un résumé de l’histoire passée
En 1878-1879, une digue-route est créée pour accéder au Mont. Une ligne de chemin de fer de Pontorson au Mont est installée en 1872, avec comme matériel un tramway à vapeur. Ces infrastructures favorisent le tourisme qui passe de 100 000 visiteurs en 1908 à 150 000 en 1930.
Au xixe siècle, pour améliorer l’irrigation des terres agricoles, des canaux sont creusés, déviant l’eau du Couesnon. Cette pratique conduit à une « poldérisation » de la Baie, favorisant son ensablement. La digue-route, brisant le flux de la marée qui tournait autour du Mont, accentue aussi le phénomène naturel d’ensablement des baies. En effet, le flux de la marée montante étant plus important que le flux de la marée descendante : les sédiments se déposent au fond des baies.
Un premier projet visant à déraser la digue reliant l’île au continent a été lancé en 1938 à la suite de débats ouverts en 1910 entre la direction des Beaux-Arts et le ministère des Travaux publics. Le chemin de fer est arrêté en 1938 car la ligne était devenue déficitaire. La Seconde Guerre mondiale arrêta l’ensemble du projet.
Par ailleurs, un barrage sur le Couesnon a été construit de 1966 à 1969 pour protéger Pontorson principalement des montées de niveau rapides. Ce barrage, équipé de 6 portes-à-flot qui s’ouvraient manuellement, a contribué à l’envasement du Couesnon, en amont et à l’aval des portes. Avant son édification, deux millions de m3 pouvaient remonter le Couesnon au flot (marée montante) dans son chenal canalisé d’une centaine de mètres de largeur et de quatre kilomètres de long.
On pourrait citer d’autres raisons qui ont conduit à l’ensablement du Mont, mais ce sont les principales.
Depuis les années 1970, de nombreuses études, concertations, relevés, tests et modélisations ont été réalisés (notamment les prévisions établies à partir des études sur maquette entre 1997 et 2001, selon lesquelles le Mont devrait avoir perdu tout caractère maritime en 1995 et qu’il serait entièrement entouré d’herbus en 2042), preuves de l’intérêt que l’État portait au projet. Ces documents visaient à déterminer les moyens d’assurer la restauration du paysage maritime autour du Mont.
En 1979, le site du Mont-Saint-Michel est inscrit patrimoine mondial de l’UNESCO, et la baie en 2007.
Plusieurs premiers ministres ont soutenu le projet mais ce n’est qu’en 1995 que le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel a officiellement été lancé par le Premier Ministre Édouard Balladur.
Le projet a été déclaré d’utilité publique en 2003, après étude d’impact et 2 mois d’enquête publique. Seul concepteur du projet, l’État participe au financement du projet à hauteur de 85 millions d’euros sur un total de 184 millions d’argent public, mais il s’est désengagé en 2006 de la réalisation opérationnelle des travaux qui ont été confiés exclusivement aux collectivités locales regroupées depuis 1997 dans le syndicat mixte Baie du Mont-Saint-Michel.
De juin 2006 à juin 2009 est construit un nouveau barrage (piles, radier, équipement des huit vannes et de l’écluse à deux passes à poissons, pont-promenade avec « balcon maritime ».L’ancien barrage (à 20 mètres en aval de l’actuel) a été détruit en novembre 2008. Conçu par l’architecte Luc Weizmann, ce nouveau barrage est mis en service en septembre 2009 et permet un effet chasse à la marée descendante avec un débit maximum dix fois supérieur au débit naturel moyen du Couesnon. Des travaux hydrauliques sont réalisés en aval de 2012 à 2015 pour permettre la divagation érosive du Couesnon : création de deux chenaux séparés par un seuil de partage en enrochements, munis d’épis, démantèlement des cordons d’enrochements historiques. Les travaux hydrauliques amont consistent, après le nettoyage et l’élagage préalables des berges, à draguer le Couesnon et creuser l’anse de Moidrey de neuf kilomètres de canaux.
Le rapport 2013 de la Cour des comptes trouve ce projet “mal conduit” et s’interroge sur sa pertinence. La précarisation des nouvelles conditions d’accès au site et le déménagement des parkings au littoral sont par ailleurs jugés par les professionnels de la restauration et les commerçants, “inadaptés à l’offre touristique”.
Après 9 ans d’étude, 3 ans de travaux et de nombreuses polémiques, le pont-passerelle du Mont-Saint-Michel est inauguré : le 22 juillet 2014, les visiteurs peuvent désormais se rendre au Mont par cet ouvrage d’accès créé par l’architecte Dietmar Feichtinger. Une nouvelle digue et une passerelle sur pilotis laissant passer l’eau en dessous desserviront désormais l’ile. L’ancienne digue-route sera démolie au fur et à mesure de la construction de la nouvelle.
Le 29 octobre 2015, le président de la République François Hollande inaugure officiellement le barrage sur le Couesnon, élément essentiel de la reconquête maritime du Mont-Saint-Michel.
La digue-route
De 1878 à 2015 elle relie le continent au Mont-Saint-Michel et permet ainsi l’accès aux automobiles au pied du site. Elle est longue de 1,8 km et insubmersible.
Son histoire
Elle est construite en 1878 et 1879. Son objectif, à l’origine, est d’établir « le calme des eaux » et donc de favoriser « le colmatage en arrière et la navigation dans le Couesnon » . Elle est, à l’époque, fortement plébiscitée localement, d’une part par les exploitants agricoles de la baie, à cause des nouvelles surfaces agricoles qu’elle créera, et d’autre part par les Montois, désireux d’être reliés à la terre ».
En 1901 le train emprunte la digue sur un côté, faisant la navette entre la gare de Pontorson alors desservie par la Société des Chemins de Fer de l’Ouest et le mont Saint-Michel.
Les rails sont enlevés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Très vite, la digue-route est contestée. On lui reproche, avec la digue de La Roche-Torin, de contribuer à l’ensablement de la baie du Mont-Saint-Michel.
Son remplacement par le pont-passerelle
La destruction de la digue-route obtient le soutien de Raymond Poincaré. Un projet de loi est même élaboré en 1930 pour la déclarer d’utilité publique. Mais il n’est pas mené à bien.
Dans le cadre de l’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, sa destruction débute le 20 février 2015, elle est remplacée par un pont-passerelle .
Le barrage sur le Couesnon.
Depuis le XIXe siècle, de nombreux aménagements humains ont modifié le paysage autour du Mont : poldérisation et canalisation du Couesnon ont permis de conquérir des terres agricoles sur la mer. La digue-route, les parkings ont accompagné l’accueil des visiteurs. Ces ouvrages ont amplifié le phénomène naturel de sédimentation en réduisant les mouvements hydrauliques du Couesnon et de la mer autour du rocher.
En 1969, un barrage est aménagé sur le Couesnon. Ce barrage avait pour objectif de stopper la remontée de la marée dans le lit du fleuve, qui à fort coefficient, provoquaient des inondations. Les portes à flots de ce barrage ont stoppé la mer au pied du Mont, supprimant le remplissage du Couesnon et ainsi son effet de chasse à marée descendante.
Marée après marée, la mer a déposé les sédiments, sans qu’aucun nettoyage par le fleuve n’ait pu être effectué.
À partir de la cote 4,50 m, la végétation des herbus colonise ces sédiments, les plantes s’enracinent, progressent et bientôt rejoignent les abords du Mont, empêchant la mer d’entourer régulièrement le rocher. Il fallait réagir, si aucun aménagement n’était entrepris, le Mont serait irrémédiablement rejoint par les herbus d’ici 40 ans…
La solution : redonner au Couesnon sa force hydraulique afin de restituer au Mont un paysage maritime durable.
Le nouveau barrage innovant.
Contrairement à l’ancien, le nouvel ouvrage est réversible : il s’ouvre pour laisser l’eau de mer remonter le fleuve afin de produire des lâchers d’eau à marée descendante. Sa largeur hydraulique est de 72 mètres. Dans chaque passe, une vanne-secteur s’actionne au gré des remplissages et des chasses.
Le barrage régule les eaux du Couesnon et de la mer deux fois par jour au rythme des marées. L’eau de mer est stockée dans le canal du Couesnon et dans une réserve d’eau située à 5 km en amont, l’Anse de Moidrey. Les lâchers d’eau sont progressifs afin de permettre au Couesnon de repousser les sédiments au plus loin dans la baie.
Le rétablissement du caractère maritime.
Cette opération vise à redonner au Mont un paysage de grèves régulièrement baigné par les marées.
L’action du nouveau barrage construit sur le Couesnon a pour objectif de faire régresser la végétation des herbus qui menace d’encercler le rocher. Par sa régulation des eaux, le nouvel ouvrage redonne au fleuve suffisamment de force pour chasser les sédiments vers le large, loin du Mont. Clé de voûte des aménagements hydrauliques de l’Opération, le barrage est le premier des ouvrages terminés.
Mis en fonctionnement depuis mai 2009, il permet au Couesnon de s’épanouir à nouveau dans un estuaire qui s’élargit marée après marée.
Le coeur de la machine : les vannes
Les vannes du barrage sont au cœur de l’action, leur mécanique est essentielle au fonctionnement hydraulique, elles ont été conçues pour être admirées. Leur dessin architectural est original, il s’inspire d’instruments de marine et astronomiques. La roue évoque le cycle des vannes, des marées et des astres.
Un espace de contemplation, une architecture maritime.
Le barrage sur le Couesnon, par sa régulation des eaux, redonne au fleuve suffisamment de force pour chasser les sédiments vers le large, loin du Mont.
Au-delà de sa fonction hydraulique, le barrage se fond dans le nouveau parcours d’approche du Mont Saint-Michel comme ouvrage d’art et d’accueil du public.
Parfaitement intégré dans les berges du Couesnon, le barrage joue l’interface entre le continent et la Baie, entre le terrestre et le maritime.
De forme concave, les piles sont érigées telles des proues de bateau. Au-dessus des piles et en vue directe sur les vannes, le pont-promenade permet aux visiteurs de déambuler d’une rive à l’autre, tout en observant le mécanisme du barrage.
En contrebas du pont, côté mer, le balcon maritime et ses gradins offrent un espace de contemplation unique face au Mont et à la Baie.
Le barrage s’inscrit dans la philosophie du projet visant à valoriser au mieux le site, en offrant au visiteur le temps de la découverte avant de rejoindre le village et l’Abbaye
Des vaches colorées en résine
La rue principale du lieu-dit La Caserne est ornée de vaches très colorées qui surveillent le passage du shuttle (Navette qui est le seul véhicule autorisé à traverser le Pont-passerelle).